Les laïcs et la cathédrale

Les églises et cathédrales médiévales, y compris Saint-Gatien, étaient des espaces l’on pouvait ressentir la présence matérielle du sacré. Le chœur et le maître-autel étaient généralement séparés du reste de l’église par un jubé. Cet espace était la plupart du temps réservé au clergé, mais les jeunes choristes laïcs y avaient également accès.
L’implication des laïcs dans les églises et les cathédrales était un aspect important de la religion médiévale. Hommes, femmes et enfants n’y entraient pas seulement pour assister à la messe, mais aussi pour un certain nombre d’autres activités. Le livre des donateurs de la cathédrale Saint-Gatien ne mentionne pas uniquement des dons faits par les clercs, mais aussi par des laïcs de toutes les couches sociales, dont des bourgeois de Tours comme Pétronille Labure qui fit don de sa maison en face de la cathédrale en échange de prières commémoratives faites par les chanoines.
On peut également voir des laïcs sur les vitraux du XIIIe siècle qui entourent le chœur. Sur l’un d’eux, on voit les donateurs laïcs Mathene et sa femme Dionisia exerçant leur profession, le commerce de draps de laine et de fourrures.
Les églises servaient également à l’éducation religieuse des laïcs. Un inventaire des objets de la cathédrale Saint-Gatien appartenant aux intendants laïcs de la cathédrale, réalisé en 1539, comprend une série de sept tapisseries représentant l’histoire de la Passion du Christ depuis le dimanche des Rameaux jusqu’à la descente du Saint-Esprit. Le même inventaire mentionne un autre ensemble de seize tapisseries beaucoup plus anciennes, représentant également la Passion du Christ. L’inventaire précise que ces tapisseries étaient exposées autour du chœur, afin que les laïcs qui se promenaient dans l’église puissent voir l’histoire de la Passion du Christ et lire les textes bibliques accompagnant les images.
Les laïcs de Tours pouvaient également utiliser la bibliothèque de la cathédrale pour s’informer sur des sujets religieux. La collection comprenait des textes en français et quelques livres qui ont survécu contiennent des notes soulignant l’obligation de les rendre à la cathédrale après consultation. Enfin, de nombreux laïcs tourangeaux étaient membres de la confrérie attachée à la cathédrale. La liste des membres a malheureusement disparu dans l’incendie de 1940.
Vitraux
Ces vitraux du XIIIe siècle, situés dans le chœur des chanoines de la cathédrale représentent des donateurs laïcs, Mathene et son épouse Dionisia, ainsi que des objets représentant leur métier, le commerce de draps de laine et de fourrures.
Tapisseries d’église

Les tapisseries de la cathédrale Saint Gatien n’ont pas survécu. Cette tapisserie provient d’une église paroissiale de Tours aujourd’hui démolie, Saint-Saturnin. Elle donne une bonne idée des tapisseries d’église de la fin du Moyen Âge, avec des textes en français au-dessous des images. Ces tapisseries ont été offertes par Jacques de Beaune, propriétaire de l’hôtel de Beaune-Semblançay (partiellement l’ancien hôtel de Dunois) en 1527.
Margriet Hoogvliet
Références:
Sabrina Corbellini and Margriet Hoogvliet, “Late Medieval Urban Libraries as a Social Practice: Miscellanies, Common Profit Books, and Libraries (France, Italy, the Low Countries)”, Andreas Speer, Lars Reuke, eds., Die Bibliothek – The Library – La bibliothèque: Denkräume und Wissensordnung, Berlin, De Gruyter, 2020, pp. 379-398.
Thomas Rapin, Julien Noblet, “Le Cloître de la Psalette. Rappel chronologique (XVe, XVIe et XIXe siècles)”, Bulletin de la Société archéologique de Touraine 48 (2002), pp. 89-104.
Léopold Delisle, “Liste des manuscrits du fonds de Saint-Gatien”, Notice sur les manuscrits disparus de la Bibliothèque de Tours pendant la première moitié du XIXe siècle, Paris, Imprimerie Nationale, 1883, pp. 160-168.
Laura Weigert, Weaving Sacred Stories: French Choir Tapestries and the Performance of Clerical Identiy, Ithaca: Cornell University Press, 2004.

