5. Place Foire-le-Roi

Les places publiques

La ville de Tours comprenait plusieurs places publiques entourées de maisons à pans de bois avec des boutiques et des ateliers ouverts sur la rue. Plusieurs de ces maisons médiévales existent encore dans la ville actuelle, comme les deux maisons du XVe siècle sur la place Foire-le-Roi qui font partie du parcours de l’application « Hidden Tours ».

La présence de forêts ainsi que les possibilités de transport fluvial ont favorisé la construction de maisons à pans de bois à Tours, notamment au XVe siècle. Certaines des maisons à colombages de Tours présentent des sculptures en bois habilement exécutées avec beaucoup de détail. Les espaces au niveau de la rue étaient généralement ouverts et utilisés comme échoppes ou ateliers d’artisan.

Au XVe siècle, le fleuve coulait plus près qu’aujourd’hui de la place Foire-le-Roi si bien qu’elle était directement reliée au port fluvial et à ses docks pour les bateaux. Du fait de sa position favorable, d’importantes foires annuelles se tenaient sur la place Foire-le-Roi. En 1355, afin de financer l’enceinte de la ville, le roi Charles II accorda à la ville des droits de marché supplémentaires, d’où son nom : « place de la foire du roi ».

Deux autres places publiques se situaient dans la partie urbaine occidentale de Tours, à proximité de la basilique Saint-Martin. Ces places n’étaient pas seulement des lieux de marché, elles avaient plusieurs autres fonctions : c’était là que les Frères prêchaient les sermons publics pendant le Carême, elles faisaient partie de l’itinéraire des processions et des entrées royales, elles pouvaient être des points de rassemblement pour la population en période de mécontentement ou de soulèvement et c’était là qu’avaient lieu les jeux théâtraux.

Tours a connu une culture théâtrale florissante à la fin du Moyen Âge. La première mention d’une représentation théâtrale date du 25 juillet 1390, lorsque le conseil municipal paya plusieurs hommes pour faire le guet sur les murs de la ville pendant la représentation d’une pièce des « Sept vertus et sept vices ». Malgré les incertitudes de la guerre de Cent Ans, les habitants, en collaboration avec les chanoines, réussirent à organiser des représentations théâtrales. Par exemple, la place Foire-le-Roy fut transformée en espace théâtral avec des tribunes et des scènes en bois pour un jeu de la Passion en 1455.

La présence de plus de 50 textes théâtraux dans une liste de livres provenant de Tours et datant de la fin du Moyen âge, ainsi que les éditions imprimées de « L’Homme pécheur » (vers 1494) qui, selon la page de titre, fut joué à Tours attestent de la riche culture théâtrale de la ville. Dans cette pièce, les vertus et les vices humains sont incarnés par des personnages, soulignant l’importance du repentir pour éviter les châtiments de l’enfer.

Rôle de théâtre
Paris, Bibliothèque nationale de France, MS NAF 6514.

Les seuls témoins textuels survivants de la pièce de théâtre allégorique « l’Homme pécheur par des acteurs, jouée récemment à Tours » sont des éditions imprimées, comme celle réalisée par Antoine Vérard à Paris, après 1494. Il s’agit d’une pièce représentant les vertus et les vices comme des êtres humains, soulignant l’importance du repentir pour éviter les châtiments de l’enfer. Cette copie manuscrite sur du papier bon marché ne reproduit que les vers du personnage principal « l’Homme » et elle a été utilisée pour une véritable représentation. Il était courant de copier à la main les rôles de différents personnages, afin que les acteurs puissent mémoriser leurs textes.

Margriet Hoogvliet

Références:

Bernard Chevalier, Tours, ville royale (1356-1520): origine et développement d’une capitale à la fin du Moyen âge, Leuven, Nauwelaerts, 1975.

Graham A. Runnalls, Les mystères français imprimés: une étude sur les rapports entre le théâtre religieux et l’imprimerie à la fin du Moyen Âge français, suivie d’un Répertoire complet des mystères français imprimés (ouvrages, éditions, exemplaires) 1484-1630, Paris, Champion, 1999.

Clément Alix, Julien Noblet, “Les spécificités des maisons en pans de bois de Tours (seconde moitié du XVe-premier quart du XVIe siècle)”, Béatrice de Chancel-Bardelot, et al., ed., Tours 1500 : capitale des arts, Paris, Somogy-Musée des Beaux-Arts, 2012, pp. 115-117.

Charles de Grandmaison, Documents inédits pour servir à l’histoire des arts en Touraine, Paris, J.B. Dumoulin, 1870.